Depuis des années, la bataille des navigateurs web fait rage. Google Chrome, au sommet grâce à son immense base d’utilisateurs, voit sa position être remise en question par les formidables progrès de ses concurrents historiques et par l’irruption de nouveaux rivaux tels que Brave ou Edge. Les technologies de traçage étant en perpétuelle évolution et toujours plus indiscrètes, les internautes ont été largement sensibilisés sur les questions de confidentialité sur internet. Garantir la sécurité des données sur le web est donc devenu un enjeu majeur pour s’imposer sur le marché des navigateurs. En ce qui nous concerne, c’est sous le prisme de la rapidité, des fonctionnalités et de la protection de la vie privée que notre analyse s’est focalisée sur les ténors du secteur pour désigner le meilleur des navigateurs web en 2023. Voici notre verdict…
Google Chrome
Google Chrome règne en maître sur le marché des navigateurs web. Son succès est lié en grande partie grâce à la robustesse de ses fonctionnalités, l’intégration totale des comptes Google, l’immense bibliothèque d’extensions qui enrichissent son écosystème et la fiabilité de ses applications mobiles. Le navigateur de Google est ainsi parvenu à se hisser au sommet comme une référence dans l’univers du web.
Son aisance à synchroniser les données entre plusieurs appareils a fait sa renommée. Que vous soyez sur iOS ou Android, une simple connexion à votre compte Google diffuse simultanément vos signets, vos données enregistrées et vos préférences Chrome sur chacun de vos dispositifs. Les extensions dont vous vous servez conservent également cette synchronicité parfaite entre eux. Une feature somme toute commune aux plateformes concurrentes mais dont la mise en œuvre par Chrome est d’une élégance incomparable.
Ces derniers temps, Google Chrome a fait peau neuve. Un relooking audacieux et attrayant, saupoudré de quelques nouveautés savamment choisies. L’interface utilisateur s’est adoucie, troquant ses lignes saillantes et ses angles abrupts pour une esthétique plus séduisante. Désormais, les onglets sont aisément identifiables grâce à des icônes plus perceptibles, ce qui le rend plus efficace pour tous ceux qui jonglent avec un grand nombre d’onglets.
Le gestionnaire de mots de passe de Chrome apporte également son lot d’améliorations : il génère et propose désormais automatiquement des mots de passe robustes lorsqu’un utilisateur crée un nouveau compte sur une page web. Sa barre de recherche délivre également des « résultats riches » incluant des réponses aux questions dès qu’elles sont formulées ainsi que des résultats provenant de calculatrices, scores sportifs et bien autres données utiles encore. Les favoris se trouvent plus facilement et sont maniables directement depuis la page nouvel onglet.
Cependant, le navigateur Chrome n’échappe pas à la controverse sur la protection des données personnelles. Toutes ces « features » qui réjouissent les utilisateurs ont leur revers quand il est question de confidentialité. Le nerf de la guerre pour Google étant la publicité, bien qu’il ne commercialise pas vos informations privées, il n’hésite pas à les utiliser pour personnaliser les annonces diffusées en fonction de l’activité perçue sur son navigateur. Il est certes possible de freiner cette collecte en désactivant certaines options dans les paramètres mais gardons à l’esprit que Google restera toujours attaché à son modèle économique.
Quant aux performances, Google Chrome présente un bilan mitigé. Sa version desktop reste une référence en matière de rapidité mais sur mobiles, Brave, Mozilla Firefox ou Safari lui volent la vedette.
Mozillla Firefox
Piloté par la fondation Mozilla, un fervent défenseur du respect de la vie privée en ligne, le projet open source Firefox a su évoluer pour se rapprocher des utilisateurs. Autrefois critiqué pour son interface complexe, Firefox s’est transformé en un navigateur plus ergonomique et moderne, notamment grâce à sa récente mise à niveau vers Quantum.
L’abondance de fonctionnalités que Firefox propose vaut le détour. Par exemple, la fonctionnalité « Sync » vous permet d’envoyer un onglet ouvert sur n’importe quel appareil vers tous ceux qui sont liés au compte synchronisé. Imaginez pouvoir consulter une page web sur votre PC, puis l’ouvrir instantanément sur votre smartphone et réciproquement! Si cela ne suffisait pas, Firefox met à votre disposition un bouton « Pocket » vous permettant d’enregistrer une page pour une consultation ultérieure où que vous soyez, en un seul clic. Doté d’une personnalisation poussée, Firefox vous donne le contrôle total sur l’agencement de vos barres d’outils.
La richesse des extensions exclusives de Firefox mérite d’être soulignée. On peut citer « Multi-Account Containers », qui vous offre la possibilité de vous connecter à divers comptes sur différents onglets pour un même site. Bien que moins populaire que Chrome, la majorité des add-ons de ce dernier sont disponibles dans le store d’extensions de Firefox.
Avec Firefox, la navigation privée ne sauvegarde ni identifiants, ni historique, ni cookies du site ou pages en cache. À l’image du navigateur Brave, il bloque le suivi pendant votre navigation en privé, empêchant les traqueurs web de garder une trace de votre activité en ligne. Si vous avez déjà utilisé une extension de protection de suivi telle que Privacy Badger, vous savez combien de sites peuvent suivre et enregistrer votre activité. C’est donc une avancée significative sur la route de la confidentialité en ligne.
En matière de vitesse, Firefox a nettement progressé. Malgré l’avance de Chrome, les récentes mises à jour ont permis à Firefox de rattraper son retard. Selon différents benchmarks, Firefox excelle dans le chargement HTML et CSS, l’interaction réseau et la priorisation du contenu à charger. Par exemple, lors de notre test sur la page d’accueil du Journal du Web avec une connexion fibre, Firefox a affiché la page en 1,32 secondes. Un temps certes plus long que Brave mais meilleur que Chrome et Opera.
Opera
Parmi les pionniers de la navigation web se trouve Opera, mais son mérite n’est pas toujours reconnu à sa juste valeur. Un succès qui semble plafonner, attribuable peut-être à l’inquiétude engendrée par son acquisition par des investisseurs chinois. Cependant, Opera, avec ses fonctionnalités alléchantes, pourrait être la clé de la satisfaction de nombreux internautes.
Au-delà de son apparente similitude avec Chrome – les deux navigateurs sont construits sur le moteur Chromium de Google – Opera se distingue à travers des particularités bien précises. Contrairement à Chrome qui repose sur un écosystème d’extensions pour offrir de nouvelles fonctions, Opera a choisi de les intégrer directement dans son navigateur.
L’un des atouts d’Opera est son outil intégré permettant d’enregistrer des pages pour une lecture ultérieure.https://www.journalduweb.org/top-5-des-meilleurs-navigateurs-web-2023/ Pas besoin d’un compte Pocket comme pour Firefox. En outre, il propose un menu regroupant les pages les plus fréquemment visitées et diverses caractéristiques singulières comme : une barre latérale d’accès rapide à WhatsApp et Facebook, une page de démarrage et un nouvel onglet reprenant les numéros rapides, sans oublier un portefeuille de cryptomonnaies prenant en charge Bitcoin et Tron.
Côté smartphones, l’application Opera Touch connecte votre appareil mobile au navigateur de bureahttps://www.journalduweb.org/top-5-des-meilleurs-navigateurs-web-2023/u via un QR code. My Flow est le fruit de cette connexion qui facilite l’échange d’informations entre vos différents appareils.
Opera s’affirme également en tant que fervent défenseur de la confidentialité en ligne avec son VPN intégré. Certains peuvent le qualifier de serveur proxy crypté, mais il offre une protection supplémentaire lorsqu’on surfe via Opera. À noter toutefois que ce VPN gratuit ne rivalise pas avec des services plus complets comme Cyberghost VPN ou ExpressVPN.
Une autre particularité d’Opera est son bloqueur de publicités intégré qui atténue également les scripts de crypto-mining et bloque les traqueurs publicitaires. Cela réduit non seulement la quantité de données à télécharger, mais accélère aussi la navigation.
En termes de vitesse, Opera tient la cadence. Nos essais l’ont placé juste derrière Chrome et Brave, que ce soit sur ordinateur ou via l’application Opera Touch. Toutefois, attention aux ordinateurs peu dotés en mémoire vive : Opera est gourmand en ressources et pourrait en ralentir les performances.
Microsoft Edge
Il faut l’admettre, le premier essai de Microsoft avec Edge a été un échec monumental. Originellement, ce navigateur, élaboré spécifiquement pour Windows 10, fonctionnait sur un moteur interne et s’actualisait simultanément avec le système d’exploitation. En dépit de sa suprématie apparente, Microsoft n’a pas réussi à se faire une place de choix sur le marché. En réponse, la société a reconstruit Edge avec le noyau open-source Chromium et le résultat est très encourageant.
À l’oeil, Microsoft Edge est étonnamment similaire au navigateur de Google. Une fois installé, il vous propose d’importer les signets et autres paramètres de Chrome. Soutenant les extensions Chrome, il redirige cependant vers le Microsoft Store pour les add-ons. Pour installer des extensions absentes du répertoire Microsoft, l’accès au Chrome Web Store doit se faire manuellement.
Edge surpassent Chrome en matière de simplicité concernant les réglages des paramètres de confidentialité. Il propose une interface visuellement agréable proposant trois niveaux de sécurité : Basique, Usage Normal et Strict. Le niveau « strict » offre une excellente protection de la vie privée en bloquant la majorité des publicités. Mais prudence : trop de protection pourrait inciter les sites web disposant d’anti-adblock à bloquer leur contenu…
Autrefois son talon d’Achille, la performance a été grandement améliorée dans la version actuelle d’Edge. En adoptant Chromium pour son moteur, Microsoft a largement gagné en vitesse de chargement par rapport à Chrome sur tous les appareils. Même si’il n’est pas le plus rapide, les performances de Microsoft Edge sont élevées et prometteuses.
Brave Browser
Évident sur le papier, constaté dans les faits : Brave s’est imposé comme une révolution notable dans le paysage des navigateurs de cette décennie. Son principe ? Mettre l’utilisateur au cœur des interactions et bousculer les règles établies.
Le Brave Software se distingue par une approche commerciale singulière, où l’adblock pré-intégré purge tous les contenus publicitaires des sites visités, avant de les remplacer par ses propres annonces. Ainsi, la personnalisation est à son comble : vous choisissez l’affichage ou non des publicités et engrangez dans votre portefeuille numérique de la cryptomonnaie (Basic Attention Token) à mesure que vous visionnez leurs annonces. Vous êtes ensuite libres de redistribuer une part de ces gains aux sites web que vous visitez ou de choisir de les conserver.
D’après Brendan Eich, fondateur de Brave Software, une utilisation quotidienne du navigateur pendant 2 à 3 heures pourrait rapporter à l’internaute entre 50 et 70€ par an – avec un potentiel de gain plus important en cas de navigation plus intensive.
Intransigeant sur le terrain de la protection des données personnelles, Brave Browser se démarque grâce à sa technologie « Shields ». Ce dispositif supprime cookies et traqueurs publicitaires pour offrir une navigation totalement privée. Grâce à lui, impossible pour les annonceurs et éditeurs d’utiliser vos centres d’intérêts pour cibler leurs campagnes marketing ou d’engranger des commissions sur vos achats en ligne via des liens affiliés. Pour renforcer cette discrétion, Brave propose une option de navigation privée avec TOR – un système qui anonymise votre navigation en redirigeant le trafic via d’autres ordinateurs de son réseau décentralisé. Ainsi, on contourne aisément la censure imposée par certains fournisseurs d’accès internet.
Quant à la rapidité d’exécution, Brave Software ne déçoit pas : affichage record des pages web et vitesses de chargement inégalées sont au rendez-vous – des performances boostées par la suppression systématique des annonces publicitaires. Notre test effectué sur la page d’accueil du Journalduweb témoigne de cette performance : là où Firefox requiert 1,32 secondes pour charger entièrement la page sur un ordinateur, Brave Browser y arrive en seulement 1,24 secondes – un gain non négligeable présent aussi bien sur smartphone Android qu’iPhone connectés en 4G.