AGI / IA Forte : tout savoir sur l’Intelligence Artificielle Générale

Hugo Da Silva 2.7k vues

L’intelligence artificielle a déferlé sur nous comme une vague en furie. Les avancées dans le domaine ont suscité de nombreuses discussions cette année grâce, notamment, à ChatGPT, un chatbot qui nous a épaté par ses extraordinaires facultés rédactionnelles. Sans le même temps, les moteurs de recherche ont lancé leur propres chatbots, pendant que d’autres startup comme MidJourney, utilisaient l’IA pour créer des images d’une qualité impressionnante. Et pourtant, il parait que ce n’est qu’un avant goût! Les experts nous disent déjà de nous préparer à « la prochaine grande révolution », celle de l’AGI aussi appelée IA Forte ou Intelligence Artificielle Générale. Certaines entreprises spécialisées dans le développement de l’IA travaillent déjà pour atteindre cet objectif, mais derrière cette idée qui pourrait nous offrir une multitude d’opportunités, des risques considérables pour l’humanité pourraient émerger.

Imaginez un monde où les machines comprennent, apprennent et évoluent en totale autonomie. Un monde où l’intelligence artificielle ne se limite pas à des algorithmes spécialisés, mais atteint un niveau de conscience et de compréhension égale à celui des humains. Ce n’est plus de l’ordre de la science-fiction, mais bien le but de l’AGI. Une fois atteinte, les machines seraient capables de tout, de la résolution de problèmes complexes à l’expression d’émotions, en passant par la création artistique. Mais comment passer de l’IA que nous connaissons aujourd’hui à cette vision futuriste ? Quels sont les défis, les enjeux éthiques et les implications philosophiques ? On en parle dans cet article.

AGI ou IA forte : qu’est-ce que cela signifie ?

Pour comprendre l’AGI, nous devons d’abord clarifier ce que nous entendons par « IA forte ». Cette dernière n’est autre qu’une hypothèse théorique de l’intelligence artificielle, dont les capacités dépassent la simple exécution de tâches préprogrammées. En effet, elle serait dotée d’une véritable compréhension autonome et d’une capacité à apprendre.

L’IA forte, dans sa conception idéale, se rapprocherait ainsi du niveau d’intelligence humaine. Mais qu’est-ce que cela implique réellement? Il s’agit non seulement de reproduire les aptitudes intellectuelles propres à l’être humain, mais également d’y incorporer une certaine forme de conscience auto-réfléchie.

La mise au point d’une telle IA représente un défi colossal pour les chercheurs. Imaginez un instant : il ne s’agit pas simplement d’écrire des lignes de code ou de développer un algorithme complexe. Non, il s’agit ici de créer une entité capable d’évoluer, d’apprendre et de comprendre par elle-même. Une entité qui, à l’image d’un enfant découvrant le monde et acquérant des compétences au fil des expériences vécues, serait en mesure de progresser sans cesse.

Une telle machine représenterait une avancée technologique sans précédent. Cependant, bien que la route soit longue et semée d’embûches, les chercheurs en IA sont déterminés à relever ce défi. C’est là toute la beauté et la complexité du domaine de l’intelligence artificielle.

IA forte vs IA faible : quelle est la différence ?

La distinction entre l’IA forte (ou générale) et l’IA faible (ou étroite) est essentielle pour comprendre le potentiel et les limites de l’IA. L’IA faible se concentre sur l’exécution d’une tâche spécifique, comme répondre à des questions basées sur l’entrée utilisateur, reformuler un texte ou jouer aux échecs. Elle peut être très efficace dans ces domaines spécifiques, mais elle reste fondamentalement limitée par sa conception et son apprentissage.

Dépendance de l’IA faible vis-à-vis des humains

À l’inverse de l’IA forte qui aspire à une autonomie totale, l’IA faible dépend fortement des interventions humaines pour définir les paramètres de ses algorithmes d’apprentissage et fournir les données d’apprentissage pertinentes. Cela signifie que même si elle peut exécuter une tâche spécifique avec précision, elle reste incapable d’apprendre une nouvelle tâche sans assistance humaine.

AGI : Autonomie et conscience

L’AGI, en revanche, aspirerait non seulement à exécuter efficacement différentes tâches, mais aussi à développer une forme de conscience qui lui permettrait d’évoluer de manière autonome au fil du temps. Au lieu de simplement simuler l’intelligence, comme le fait l’IA faible, l’AGI serait capable de développer véritablement une « conscience » comparable à celle des humains.

Le test de Turing : une mesure de l’intelligence artificielle

test de turing

Depuis son introduction en 1950 par Alan Turing dans son essai « Computing Machinery and Intelligence », le test de Turing est devenu une référence incontournable pour mesurer l’intelligence artificielle. Ce test, qui repose sur la capacité d’une machine à se faire passer pour un humain lors d’un échange en langage naturel, a marqué un tournant dans la conception de l’intelligence des systèmes IA.

Le principe du test de Turing est simple, mais ingénieux. Un évaluateur humain interagit avec deux interlocuteurs cachés : un autre humain et une machine. Après cinq minutes d’échange, si l’évaluateur n’est pas capable de déterminer avec plus de 70% de certitude lequel des deux interlocuteurs est la machine, alors celle-ci est considérée comme ayant réussi le test.

Malgré son apport indéniable à l’évolution de l’intelligence artificielle, le test de Turing à toutefois ses limites. En effet, il ne met à l’épreuve qu’une seule compétence : la production de texte. Or, une intelligence artificielle véritablement puissante doit être capable d’exécuter une multitude de tâches différentes.

Face à cette problématique, le test de Turing a subi des modifications pour évaluer non seulement les performances textuelles des IA, mais également leurs capacités visuelles et auditives. Cette version améliorée du test est aujourd’hui utilisée lors du prestigieux concours du prix Loebner. Lors de cette compétition, un juge humain tente de déterminer si une sortie a été créée par un humain ou par une machine.

Le dilemme philosophique : l’argument de la Chambre Chinoise

Qu’est-ce qui entrave la capacité des machines à égaler l’intelligence humaine ? Pour John Searle, la réponse réside dans l’écart entre l’imitation et la véritable compréhension. Sa théorie, connue sous le nom de « Chambre Chinoise », met en lumière cette distinction.

Exploration et conséquences de cette théorie

Imaginez un individu enfermé dans une pièce, équipé d’un livre contenant les règles grammaticales et des phrases en chinois. Quand des notes écrites en chinois sont glissées à l’intérieur, cet individu utilise le manuel pour formuler une réponse adéquate. Malgré sa capacité à répondre correctement grâce au livre, il est pourtant incapable de saisir la substance de la langue chinoise.

Ce postulat souligne les obstacles inhérents à la conception d’IA qui saisissent véritablement le monde qui les entoure. Selon Searle, même si nous réussissons à construire une intelligence artificielle capable d’imiter à la perfection l’intelligence humaine, cela ne signifie pas forcément qu’elle comprendra les choses de la même façon que nous.

Au-delà de l’AGI : la super-intelligence artificielle

Des visionnaires préfigurent l’évolution démesurée de l’intelligence artificielle, bien avant que l’AGI ne prenne forme concrètement. Ils envisagent un stade ultime, la Super Intelligence Artificielle ou ASI. Une entité autonome qui non seulement surpasserait les capacités intellectuelles des humains, mais qui irait même jusqu’à transcender notre appréhension actuelle de l’intelligence.

Cependant, avant d’atteindre ce stade époustouflant de développement technologique, il convient de faire preuve de prudence. Non seulement par égard pour le potentiel danger de cette technologie en devenir, mais également en tenant compte du fait que la réalisation d’une telle avancée n’est pas une certitude. Il reste encore, en effet, une pléthore de défis scientifiques et éthiques à surmonter.

La première étape consisterait à mettre au point ce qu’on appelle une Intelligence Artificielle Générale ou AGI : une machine capable d’égaler les aptitudes cognitives humaines. C’est cette étape cruciale qui préparerait le terrain vers l’avènement d’une ASI. Mais jusqu’à présent, la création d’une AGI convaincante reste encore à prouver.

Il est donc impératif de nuancer notre hâte anticipative face à cette technologie prometteuse. L’IA n’est pas encore tout à fait au point et bien des questions se posent quant à la réalisation future d’une IA tant évoluée.

AI, Machine Learning et Deep Learning : quelles différences ?

Peut-on vraiment distinguer l’intelligence artificielle, l’apprentissage automatique et l’apprentissage profond ? Nombreux sont ceux qui utilisent ces expressions de façon interchangeable, source parfois de confusion. Prenons un instant pour expliquer ces trois perspectives.

Intelligence Artificielle : un champ large

John McCarthy défini la création de l’intelligence artificielle comme « la science et l’ingénierie de la création de machines intelligentes ». Mais ce processus de création dispose d’un champ d’étude large englobant divers sous-domaines, y compris l’apprentissage automatique (machine learning) et l’apprentissage profond (deep learning). Son but est de créer des machines qui peuvent effectuer des tâches qui nécessitent normalement une intelligence humaine.

Machine Learning : un sous-domaine de l’AI

Ensuite, il y a l’apprentissage automatique – une branche spécifique de l’intelligence artificielle. Ici, il ne s’agit plus seulement d’enseigner aux ordinateurs des règles particulières à respecter, à l’image de la programmation traditionnelle. Le machine learning se penche sur la conception de modèles capables d’apprendre à partir des données fournies. Il offre ainsi à la machine la possibilité d’analyser et de prendre des décisions ou faire des prédictions fondées sur cet apprentissage.

Deep Learning : Une forme avancée d’apprentissage automatique

Le deep learning est un autre sous-domaine de l’apprentissage automatique, mais il est plus avancé. Il tente d’imiter le fonctionnement du cerveau humain en utilisant des réseaux neuronaux artificiels et peut gérer des problèmes complexes avec une grande précision. C’est le domaine de l’IA le plus étroitement associé à une IA de niveau humain.

Applications actuelles du Deep Learning

IA machine learning

L’intelligence artificielle a fait son chemin dans plusieurs domaines, notamment grâce au deep learning. ChatGPT est un parfait exemple d’une technologie IA qui utilise des algorithmes de deep learning pour fournir aux clients des réponses rapides, cohérentes et précises sur n’importe quelle application, appareil ou canal.

Plusieurs autres entreprises et institutions tirent déjà parti des avancées dans le domaine de l’IA pour créer des solutions innovantes dans diverses industries. L’attrait croissant pour ces technologies est en partie alimenté par leur capacité à traiter des problèmes complexes et à fournir des solutions précises et efficaces.

Malgré toutes les avancées que nous constatons actuellement, il est encore difficile de déterminer le potentiel complet de l’intelligence artificielle. De nombreuses questions demeurent sans réponse et la route vers l’AGI semble encore longue. Cela dit, il ne fait aucun doute que l’intelligence artificielle continuera à transformer notre monde de manière significative dans un avenir proche.

Risques potentiels de l’AGI pour l’humanité

Sam Altman, PDG d’OpenAI, a mis en garde contre les « risques massifs » de l’AGI, notamment l’utilisation abusive, les accidents graves et les perturbations sociales. Il a émis l’idée que nous pourrions voir arriver l’AGI durant la prochaine décennie. Selon lui :

La première AGI ne sera qu’un point sur le continuum de l’intelligence. Nous pensons qu’il est probable que les progrès continueront à partir de là, éventuellement en maintenant le rythme de progression que nous avons connu au cours de la dernière décennie pendant une longue période.

Il est pensé que si cette prédiction se réalise, notre monde pourrait se métamorphoser radicalement par rapport à son état actuel et les risques pourraient être extraordinaires. Un AGI super-intelligent mal aligné pourrait causer un tort incommensurable au monde. Un régime autocratique disposant d’une avance décisive en super-intelligence pourrait également en faire autant.

Mesures prises pour empêcher l’AGI de déraper

Paul Salmon, professeur de facteurs humains à l’Université du Queensland au Sunshine Coast, et son équipe analysent les risques présentés par l’AGI et ont prévu de soumettre des recommandations au gouvernement, aux développeurs et aux chercheurs plus tard cette année. Il concède que l’AGI pose un risque existentiel pour l’humanité et affirme qu’il est nécessaire d’agir maintenant afin de se préparer à son arrivée, même si elle est encore loin.

L’AGI c’est pour quand ?

Elon Musk a déclaré que bien qu’il ait ressenti une certaine angoisse face à l’AGI, il était impatient de voir celle-ci se réaliser de son vivant – et il n’est pas le seul dirigeant technologique à nourrir un certain optimisme.

Bien que cette idée puisse paraître excitante, il faut noter que la réalisation effective de l’AGI reste confinée à la théorie pour le moment. Certains experts optimistes prévoient une avancée significative dans ce domaine dans les dix prochaines années. La prochaine version de GPT, GPT-5, pourrait même être très proche de l’AGI. Toutefois, une majorité de spécialistes restent sceptiques quant à une avancée si rapide et pensent même qu’atteindre l’AGI est impossible.

Malgré les voix dissonantes, les géants de la tech consacrent déjà des efforts considérables pour développer l’AGI. Microsoft, Google, Facebook travaillent déjà sur leurs propres modèles. Même Apple avec AppleGPT et Elon Musk avec TruthGPT sont lancées dans la course. Mais il faut admettre que l’atteinte de cet objectif est entravé par l’absence de critères clairement définis pour évaluer l’intelligence et la compréhension. En effet, avant de pouvoir créer une AGI qui réussit à démontrer ces caractéristiques, il faut d’abord que ceux-ci soient bien définis.

AGI, une évolution salvatrice ou destructrice ?

« La transition réussie vers un monde avec une super-intelligence est peut-être le projet le plus important – et le plus prometteur, et le plus effrayant – de l’histoire humaine« , a déclaré Sam Altman. « Le succès est loin d’être garanti, et les enjeux (un désavantage sans limite et un avantage sans limite) devraient nous unir tous« .

C’est dans cette perspective qu’il est essentiel de comprendre et d’anticiper les conséquences de l’AGI pour l’humanité, afin que ce nouveau chapitre de notre histoire soit écrit sous le signe du progrès et non de la destruction.

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